Ce sont les premiers mots que ma sœur recevra de Suisse, la première description d’un ailleurs déjà familier. Mais la vérité, je la garde pour moi. Je ne lui parle pas de notre solitude des premiers mois. Le choc de ces rues bien ordonnées, si propres qu’on s’y sent dans un immense musée à ciel ouvert. L’omniprésence des horloges qui nous jaugent de leur œil toujours alerte, la manière qu’ont les gens de s’affairer même quand ils marchent. Je ne dis pas la barrière érigée par leur discrétion, le trouble que me procurent leurs mains diaphanes quand j’y discerne le bouquet des veines.