«Crise» était bien le mot qui convenait à sa situation, sauf qu’au lieu de le pousser, selon la logique étymologique (puisqu’en grec crino veut dire choisir), à des choix décisifs, elle l’enfonçait tous les jours un peu plus dans son marasme. Il finit par renoncer tout à fait à écrire, tandis qu’angoisse, tristesse profonde, maux de tête, sautes d’humeur, cauchemars, insomnies, errances interminables dans les rues et tournées jusqu’au petit jour dans les bars de la ville n’étaient que quelques-uns des symptômes de son état, qui tantôt le plongeait dans une profonde mélancolie, tantôt le rendait irascible. Son mal-être était tel qu’il se disputait fréquemment pour une bagatelle avec ses voisins, avec les passagers dans le bus ou le train, avec les clients des magasins, avec n’importe qui, et ces querelles dépassaient parfois le haussement de ton pour frôler la violence physique.