En fin de semaine, des moments d’accalmie viennent parfois surprendre la mère et la fille: il arrive que Paul parte pour une partie de golf, ce qui laisse alors quelques heures de vie normale aux deux prisonnières des lieux. Sitôt la porte claquée, la mère et la fille se précipitent à la fenêtre, vérifiant la véracité du départ. Une fois la voiture éloignée, une fois qu’elle n’est plus qu’un point dans le lointain, elles revivent comme des gamines : l’ennemi a déguerpi ! On rit désormais, parfois presque aux éclats, et toujours de bon cœur, on joue, on chante, on écoute même la musique préférée de l’une ou de l’autre : des comptines enfantines ou des concertos pour violon et orchestre. Il arrive même que Flore ose sortir son violon pour s’évader, le temps d’un scherzo ou d’une valse, tandis que sa fille danse sur le rythme de la mélodie. La vie reprend ses droits. L’oxygène regonfle les vaisseaux, les artères et se faufile dans les moindres veines capillaires